Le réseau de recherche en sciences économiques, humaines et sociales du GIP Ecofor organise le 11 janvier 2018 un colloque qui se tiendra à Paris sur le thème « Entre dynamiques et mutations, quelles voies pour la forêt et le bois ? ».
Faisant appel aux économistes, historiens, sociologues, politologues, écologues, gestionnaires et acteurs de la filière, ce colloque sera l’opportunité de réfléchir aux dynamiques et mutations actuelles de la forêt et de la filière bois. Quelles traces nos paysages et notre mémoire collective gardent-ils des mutations passées ? Quels risques et opportunités suggèrent les mutations en cours ? Quelles conséquences en tirer des points de vue de la science, de l’expérimentation, de la formation ? Dans ce contexte en mouvement, quelle gouvernance et quel modèle économique peuvent être promus pour la gestion forestière et les activités qui en découlent ?
ARGUMENTAIRE
Ecosystème, la forêt évolue à son rythme propre mais aussi largement à celui des perturbations naturelles et des pressions anthropiques qui l’affectent. Sa dynamique s’inscrit dans le cadre d’une gestion visant de multiples objectifs eux-mêmes soumis à des changements conjoncturels ou structurels, progressifs ou brutaux, les touchant individuellement ou dans leur équilibre global, d’origine biophysique ou humaine, de nature écologique, économique, sociale ou politique. Les mutations de son environnement amènent la filière forêt-bois à se frayer un chemin dans un labyrinthe : comment progresser vers la ou les sorties possibles ? Quand et comment changer de direction ? Attendre l’impasse ou s’engager délibérément dans les ouvertures ? L’ambition de ce colloque est finalement de prendre un peu de hauteur pour mieux apprécier la situation !
Le passé est riche d’exemples de mutations dans la gestion et les usages forestiers. L’avènement du charbon d’abord, du pétrole, du gaz et de l’électricité ensuite, ont ainsi considérablement modifié la gestion forestière qui s’est adaptée en produisant plus de bois d’œuvre et moins de bois de feu et en convertissant les taillis ou taillis-sous-futaie en futaie. Les débouchés du bois ont beaucoup évolué avec la papeterie depuis le milieu du XIXe siècle puis, au XXe siècle, avec les panneaux contreplaqués d’abord, de process ensuite. Les gains de productivité agricole des deux derniers siècles ont permis une reconquête forestière qui s’est faite à la faveur de politiques de reboisement mais aussi largement par accrues naturelles, c’est-à-dire de manière plus passive. L’histoire du massif landais illustre particulièrement la capacité de transition d’un système pastoral vers la production de gemme puis de bois. Quelles traces nos paysages et notre mémoire collective gardent-ils de telles mutations ? Dans quelle mesure celles-ci ont-elles été subies, accompagnées, provoquées ? Avec quels succès ou échecs ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour l’avenir ?
Aujourd’hui, nombreux sont les développements qui identifient les sources de nouvelles mutations et s’interrogent sur les résultats des dynamiques en cours : changements globaux, climatiques ou de paradigme ; conscience grandissante de l’importance de la biodiversité et des menaces qui pèsent sur elle ; opportunités offertes par les technologies de l’information et de la communication ; ère naissante de la bioéconomie et retour fracassant du bois-énergie ; besoins d’innovation en matière de produits, procédés, commercialisation, organisation ; développement de systèmes et référentiels pour le paiement des services environnementaux ; montée en puissance des territoires... Tous ces développements ont-ils la même importance ? Quels risques font-ils peser sur la forêt et le bois ? Quelles opportunités sont à saisir particulièrement ? Quelles postures nouvelles suggèrent-ils du point de vue de la sylviculture, des connaissances, de la gouvernance ?
Chargée de mettre en œuvre un certain équilibre entre les diverses fonctions de la forêt tout en limitant les risques, la sylviculture se trouve foncièrement réinterrogée dans un contexte nouveau. Elle reste cependant largement tributaire des ressources existantes, patiemment constituées, dont l’inertie est patente du fait de l’importance des stocks face aux flux annuels. Comment, dans ces conditions, modifier les équilibres entre les différentes sujétions sylvicoles sans déstabiliser l’ensemble du système comme l’illustre la volonté de promouvoir par exemple une cascade d’usages du bois ? Peut-on procéder par inflexions successives ou faut-il au contraire reconstruire tout un système, en ayant en tête que toute innovation ne résulte pas d’améliorations continues de situation antérieure ? Comment préserver l’adéquation des ressources aux nouveaux enjeux ? Quelles problématiques lourdes émergent dans ce domaine, par exemple entre besoins actuels et attentes futures ? Quel modèle économique nouveau peut être entrevu ou promu pour la gestion forestière ou, plus largement, pour la filière forêt-bois ?
Les mutations soumettent les connaissances à rude épreuve en réduisant l’importance de l’expérience acquise, en augmentant la part d’inconnu, en exigeant des décisions avant même d’avoir pu constituer les corpus nécessaires, en lançant un défi en termes de développement des capacités de mise en œuvre de nouvelles pratiques. Quelles conséquences en tirer des points de vue des sciences, de l’expérimentation, de la formation initiale et continue ?
La gouvernance du système joue un rôle considérable en matière de mutations. De la capacité des acteurs à s’organiser, à développer des formes institutionnelles adaptées, à modifier leur comportement individuel et collectif, dépend l’effectivité des changements. Comment doit donc se transformer la gouvernance de la filière forêt-bois face aux mutations en cours ?
Tous ces sujets sont donc ouverts pour l’appel à contributions en vue de ce colloque du réseau de recherche en sciences économiques, humaines et sociales d’Ecofor.
PUBLIC VISÉ
Ce colloque s’adresse à tous chercheurs, gestionnaires ou acteurs se sentant concernés par les dynamiques et les mutations du secteur forestier, les sciences économiques, humaines et sociales et leur croisement avec les sciences de la nature, par l'application de ces approches scientifiques à la pratique.
MODALITÉS PRATIQUES D'ENVOI DES PROPOSITIONS
Les contributions (250 à 500 mots) devront être envoyées avant le 29 septembre 2017.
INFORMATIONS PRATIQUES
Le colloque aura lieu le 11 janvier 2018, à Paris (le lieu précis sera communiqué ultérieurement)
Les principaux contacts sont: pour les aspects scientifiques : Francis de Morogues pour les aspects pratiques/relationnels : Anaïs Jallais